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La Meurthe et son activité

La Meurthe et le flottage

On sait que pendant de nombreux siècles les transports fluviaux remplaçaient avantageusement la route souvent mal entretenue et peu sûre. Ce fut longtemps le cas pour la Meurthe, la Moselle, la Meuse, la Sarre, la Seille notamment.

  En ce qui concerne la Meurthe, elle a connu une importante activité de flottage de bois bruts ou débités provenant des forêts vosgiennes et destinés aux localités et villes situées en aval sur la Meurthe et même au-delà. Ce flottage se faisait surtout par "flottes" ou "voiles", c'est à dire par trains de bois ou mieux de radeaux,  et aussi pour les bûches -dites bois de "bollés"- allant individuellement au fil de l'eau. Ce dernier procédé était dit "le bolayage", les bois mis dans la rivière descendaient librement tandis que dans le flottage, les bois étaient d'abord rassemblés, unis entre eux pour former un "bosset" (radeau) que dirigeait un homme, le flotteur monté sur le bosset et muni d'une forte perche. En réalité une flotte comprenait une suite de plusieurs bossets reliés les uns aux autres et conduits par un flotteur juché sur le premier bosset (bosset de tête). Souvent un second homme se trouvait sur le dernier bosset pour intervenir en manœuvrant la "chavotte", corde de harts fixés au dernier bosset et terminée par un fort piquet devant tenir lieu d'ancre. Toutes les liaisons entre le bois formant les bossets et entre eux pour former la flotte étaient faites avec des harts. C'étaient des brins de sapin ou de bouleau plus gros que le pouce, souvent de la grosseur du bras d'un enfant. Les flotteurs les tordaient en les chauffant sur un feu de bois et pour qu'ils serrassent mieux et que le bosset soit inébranlable,  Il fallait éviter au train de bossets de s'échouer soit sur le bord de la rivière, soit sur un bas fond ou banc de sable ou de gravier dans le lit de la rivière.

  Quelques autres matériaux telles que les meules de grés étaient aussi transportés, on les chargeait sur les bossets.

  Les personnes qui conduisaient les flottes étaient désignés "vouaux".

  Un tel trafic remonte à une époque très ancienne. On a du en tenir compte en 1545 lors de la construction du moulin.

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En 1708, on signale que sur la rivière et le canal du moulin passent les flottes venant des Vosges, surtout de Raon l'Etape et la Grande Raon à destination de Rosières aux Salines pour le chauffage des poêles  des Salines (extraction du sel contenu dans l'eau salée extraite des salines), de Nancy, de Pont-à-Mousson, de Metz.

  1781.."sur la rivière Meurthe qui porte des flottes et voiles de bois, cette position rend les denrées qui en proviennent plus considérables qu'ailleurs, surtout pour les bois qui peuvent être flottés par la rivière jusqu'à Nancy, Pont-à-Mousson et Metz" (extrait de l'estimation du Marquisat de Blainville par M.Varinot, Procureur du Roi à Nancy en 1781) et du même: "Le moulin banal de Blainville avec...le passage des voiles, flottes et bois de bollée, sur la rivière, qui paient chacune 10 sols et quelquefois une planche, et suivant la déclaration du meunier, il en passe plus de cinq cens voiles ou flottes par année..."

Encore en 1822 d'après la statistique administrative et historique de la Meurthe. Nancy, la Meurthe est surtout utilisée pour le flottage, "sous ce rapport c'est une des plus importantes rivières de France, toute la partie des Vosges qu'elle et ses affluents parcourent  est couverte de forêts  de sapins qui abattus, rassemblés en train de sommiers, de pannes et de chevrons ou débités en planches, sont destinés aux constructions d'un grand nombre de départements du royaume où ces bois sont conduits par la Meurthe dans le bassin de la Moselle et des portes de Nancy et de Pont-à-Mousson dans ceux de la Marne et de la Seine" N.B le transport de la Moselle à la Marne se faisait par voitures entre Nancy et Pont-à-Mousson et Bar le Duc où reprenait le flottage sur l'Ornain, affluent de la Marne.

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Vers le milieu du XIXème siècle, on peut noter: on remarque un dépôt de bois de flottage sur le pâtis de la Cabiatte qui longe le canal du moulin. 

Le flottage est assez actif. Les flottes viennent surtout de Raon l'Etape où se faisait le chônage, c'est à dire le triage de toutes les petites flottes descendues de la Plaine, de la Haute Meurthe et de ses affluents. Le point extrême était Metz. On ne bolayait plus guère au-delà de Baccarat. Les bois de bollée allant au fil de l'eau n'étaient plus que pour l'usage de la cristallerie. Selon le règlement, une flotte ne pouvait dépasser 80 mètres, mais souvent sa longueur allait au-delà de ce chiffre. Plusieurs flottes se suivaient faisant un train conduites chacune par un flotteur. Chaque flotte comprenait habituellement une douzaine de bossets. Le bosset de tête était composé de grands bois, pour ouvrir le passage dans les pertuis des moulins, le bosset de queue formé aussi de grands bois portait la chavotte corde de harts que terminait une espèce d'ancre. Les bossets intermédiaires comprenaient environ douze douzaines de planches et de chons.

   L'hiver, c'était le chômage forcé, ainsi que dans les périodes de crues.

   L'été, l'eau était parfois rare au contraire et il fallait l'acheter au moulin, qui faisait des réserves d'eau en baissant la vanne. La flotte se présentant, la vanne était levée et il se faisait une véritable chute d'eau qui entraînait le bosset de tête et les autres suivaient. Il en coûtait 1 franc par flotte pour le passage et 3 francs de l'heure pour l'eau fournie.

  Les dernières flottes passèrent à Blainville vers 1895.

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