La Charte de la Cité
par André Villain
Dés qu'il devint seigneur de Blainville en l'an 1621, Antoine de Lenoncourt qui prenait les titres de révérendissime messire Antoine de Lenoncourt, primat de Lorraine, comte du Saint-Empire et dudit Blainville, conseiller d'Etat de son Altesse, abbé de Beaupré, prieur de Lay, seigneur de Damelevières, Haussonville, Mont, etc... octroya une charte aux habitants de Blainville
![Villain%20journal%20trente%20ans%20chart](https://static.wixstatic.com/media/329f06_95031f2363cb43d58641e25564a30961~mv2.jpg/v1/fill/w_498,h_376,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/Villain%2520journal%2520trente%2520ans%2520chart.jpg)
Antoine témoigne d'assez de libéralité dans le préambule, puisqu'il dit aux habitants:" Pour leur témoigner qu'il ne recherchait que leur repos, il leur propose de choisir les personnages qu'ils désiraient pour les représenter". Voilà certes un langage auquel ne devaient pas être habitués les gens du commun de la part de leur seigneur.
Il n'est pas possible, dans le cadre d'un article, de reproduire toutes les dispositions de la Charte, nous n'en dirons que l'essentiel.
La première disposition concerne l'élection de domicile à Blainville. "Nul ne sera reçu habitant audit Blainville qu'il ne fasse profession de la religion chrétienne, catholique, apostolique et romaine, et outre ce, en réputation de gens de bien.."
Les habitants entretiendront les murailles, pont-levis et pannes des portes, mais le seigneur aura à sa charge la fourniture des bois nécessaires à ces portes et pont-levis. La taille est fixée à 6 gros par conduit et par an, les sujets tenant charrue payeront une redevance égale à un resal de grain (Resal: mesure de volume de grains en Lorraine durant l'Ancien Régime) moitié blé, moitié avoine, pour chaque bête tirante.
Naturellement, les habitants restent soumis aux droits de banalité, redevance de l'onzième pour l'usage du pressoir banal, du vingtième pour le moulin, mais les meuniers résidants au mouolin dudit Blainville seront tenus de moudre fidèlement et diligemment le grain.
Le droit de passage est accordé sur le pont du Moulin, clause qui donnera lieu plus tard à des contestations.
Il est donné également aux habitants le droit de pêcher, mais à la ligne seulement et pour leur usage personnel.
Par contre, les habitants doivent au seigneur des corvées de fauchage, fanage et charroi de foins; tous doivent également trois poules par feu (ménage).
D'après la Charte, c'est le comte qui nomme seul le maire, agent du seigneur plutôt que de la communauté, mais choisi par les anciens de la ville; à lui sont délégués les pouvoirs de "chef de la justice du lieu", mais le prévot intervient dans l'exécution des sentences.
Les autres magistrats: échevins et maîtres échevins sont nommés, sur la présentation des habitants, par le seigneur et continuent leur office "aussi longtemps qu'ils s'en acquitteront bien".
Telles sont les principales dispositions de cette charte qui devait subir peu de modification jusqu'à la Révolution.
En 1629, il y fut ajouté un jour de marché par semaine, le mardi, et deux foires par an, la première en mars et l'autre en septembre.